mardi 15 juillet 2014

Seule contre le conformisme

L'affaire Lolita (Pénélope Fitzgerald)





C'est la chronique d'Onee (ici: http://onee-chan-a-lu.publicoton.fr/la-libraire-penelope-fitzgerald-une-denonciation-tres-anglaise-de-l-ostracisme-villageois-339692) qui a éveillé ma curiosité sur ce livre dont le thème m'a interpellé.


Résumé:

C'est à Hardborough, petit village anglais, que Florence décide d'ouvrir une librairie. Cette décision revêt pour cette veuve une importance toute particulière dans la mesure où elle symbolise pour elle un nouveau départ en toute autonomie. Mais elle est loin de se douter que son projet va se heurter à bien des difficultés. Pour commencer la demeure dont elle fait l'acquisition, The Old House, se révèle être une vieille baraque hantée par un esprit frappeur ce qui ne facilite en rien son installation. De plus, sa petite librairie va se faire l'objet d'un accueil plus qu'antipathique de la part de la petite bourgeoisie du coin, et particulièrement de Violet qui, par peur de perdre sa place de "dame la plus influente" du village, va redoubler de fourberie pour faire échouer le projet de Florence. En effet, Violet lorgnait ce The Old House pour y créer un centre artistique......

Florence va-t'elle tenir bon et résister à ce conformisme et à ce panurgisme qui semble entraîner tout le village derrière le bon vouloir de Violet? 


Bilan:

L'auteur nous entraîne avec talent dans une ambiance typiquement anglaise et empreinte d'un charme suranné indéniable. La plume est directe et touche au but dans la dénonciation des mœurs des petits-bourgeois anglais de cette époque (fin des années 50), le tout avec un humour froid savamment distillé au fil des pages.

Ce roman prend véritablement la forme d'une critique, certes enjolivée par les mots et l'histoire, contre une société bornée et par trop engluée dans la hiérarchie et le conformisme pour pouvoir s'adapter et tirer bon parti de la nouveauté qui lui est proposée.


Pénélope Fitzgérald dénonce la difficulté d'intégration pour une femme seule dans une communauté déjà bien rodée et fonctionnant autour d'une "forte tête" qui entend garder sa place et est prête à tout pour ce faire. 

Alors que Violet veut ouvrir un centre culturel, Florence se bat pour garder sa librairie..... Ne pouvons-nous pas voir là une critique de l'auteur vis à vis des personnes à l'esprit trop étroit pour envisager la littérature comme un art à part entière?

Critique également d'une société qui fonctionne en meute autour d'un chef autoproclamé, chacun préférant se plier au bon vouloir de ceux qui semblent détenir le pouvoir plutôt que de sortir du rang pour découvrir une différence qui pourrait avoir beaucoup à leur apporter.

De plus, parfois la peur de l'inconnu incité l'homme à s'accrocher à une situation qui le rassure même si finalement cette dernière lui apporte bien moins que ne le ferait une nouvelle.

Par ailleurs l'auteur dénonce l'addiction qu'une personne peut développer par rapport au pouvoir qu'elle détient. Ainsi, Violet est prête à tout pour continuer à se sentir "toute puissante"..... même à ruiner la vie de Florence quelle perçoit comme une menace. Rivalités sociales, rivalités féminines...... autant de poisons qui, dictés par la jalousie, poussent une personnes à user de tous les moyens possibles pour nuire à celle qu'elle craint.  

Personnellement je pense que tous ces points s'imbriquent afin de répondre à la question: "Pourquoi le village rejette-t'il la librairie de Florence?"

Une petite interrogation par rapport au titre de cette oeuvre..... En effet, cette "Affaire Lolita" tient au fait que Florence prend la décision de vendre cette oeuvre qui lui avait été recommandée par un client, et ce malgré les avis contradictoires qu'elle a pu avoir sur ce roman. Ce qui est surprenant c'est le peu de développement autour de cette oeuvre dont le roman porte pourtant le titre..... cependant j'ai appris par Onee que ce roman portait également le titre "La Libraire" qui est à mon avis plus approprié.

Au final, malgré le fait que cette oeuvre soit une bonne satire sociale, j'ai trouvé qu'elle n'était pas assez fouillée surtout en ce qui concerne les personnages, leurs personnalités, leurs vécus, leurs émotions. L'auteur a traité un thème intéressant et mis en place une situation intéressante mais, selon moi, l'histoire est restée par trop superficielle...... je suis restée un peu sur ma faim car il m'a semblé que Pénélope Fitzgerald survolait son histoire sans véritablement l'étoffer. Ce roman m'est apparu comme trop factuel, je ne me suis pas identifiée aux personnages et n'ai pas vibré avec Florence dans son combat, même si celui-i m'intéressait et me paraissait tout à fait justifié...... peut-être me serais-je sentie plus impliquée aux côtés de l'héroïne si j'avais eu d'avantage l'impression de connaitre cette dernière?

Un roman bref et bien écrit que j'ai lu sans difficulté et sans ennui mais dans lequel je ne me suis pas réellement impliquée malgré tout. 


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